Provo et vélo blanc à Amsterdam
Les hollandais n’ont pas attendu la crise pétrolière ou les alertes pollutions pour relancer la pratique du vélo en ville. Tout commence en 1965 pendant les 30 glorieuses. Les jeunes issus du baby-boom arrivent à l’âge adulte et une révolution culturelle est en marche. Depuis 1963, les jeunes ont accès à la pilule et les mouvements qui veulent en découdre avec le système établi se font de plus en plus nombreux. C’est à ce moment que naît à Amsterdam le mouvement anarchiste non violent « Provo » (comme provocation). Il s’étend bientôt aux autres villes du pays ainsi qu’à Belgique, avec comme mots d’ordre : non à la guerre, oui à la liberté sexuelle et … au vélo ! Le mouvement s’éteindra très vite, en 1967 mais il aura semé la graine de la vélorution hollandaise.
Le projet vélo blanc est né dans le but de réduire la circulation automobile et d’éradiquer les embouteillages, qui sont monnaie courante dans un pays de canaux où la densité de population est 4 fois celle de la France. Les provos proposent aux habitants d’Amsterdam de peindre leurs vélos en blanc et leur donnent rendez-vous dans le parc central de la ville tous les samedis à minuit. Les vélos sont ensuite laissés en libre-service pour la population, un système de Velib bien avant Paris. Si les vélos dépourvus d’antivols disparaissent (comme un grand nombre de Velib), le mouvement est lancé et encore aujourd’hui des éditions spéciales de vélos blancs sont éditées en mémoire à ce mouvement.
Coffre d’un triporteur peint en blanc en référence au vélo blanc du mouvement Provo
50 ans après, la pratique du vélo à Amsterdam
Un demi-siècle s’est écoulé depuis le projet vélo blanc mais son héritage reste toujours bien visible.
Si vous allez à Amsterdam en train, commencez par faire un tour de la gare. Vous trouverez un immense parking à vélos sur plusieurs niveaux, un parking à vélos sur une péniche, des parkings à vélos entre les piles du pont qui passe sous la gare, etc. On compte en moyenne pas moins de 10.000 vélos garés autour de la gare qui attendent que leurs propriétaires les enfourchent pour se rendre sur leur lieu de travail. En réalité, ils ont laissé leur premier à la gare la plus proche de leur domicile, ont pris le train et retrouvent à Amsterdam leur second vélo pour la dernière étape du trajet.
Il y a plus de 500 kilomètres de pistes cyclables dans la capitale néerlandaise. Le nombre de vélos en circulation est estimé à 880.000, soit un nombre plus élevé que les 780.000 Amsterdam Airs (nom donné aux habitants d’Amsterdam). Plus de la moitié d’entre eux sont utilisés au quotidien et la tendance est à la hausse avec une augmentation de 40% entre 1990 et 2008. Le nombre de voitures en comparaison est de seulement 220.000 unités, soit quatre fois moins.
Il faut dire que les investissements pour le vélo soutiennent cette croissance. D’ici 2040, Amsterdam prévoit d’investir 200 millions d’euros dans les infrastructures pour le vélo dont 170 millions € dans les parkings à vélo. Il y a aura dès 2020, autour de la seule gare d’Amsterdam Central, pas moins de 17500 places de parking à vélos.
Les Amsterdam Airs n’investissent pas dans le vélo à fond perdu. Le gain le plus important d’un point de vue économique est celui lié à la santé ; réduction des particules nocives dans l’air et réduction des risques liés à de nombreuses maladies du fait d’une activité physique régulière.
En tout, ce sont 58% des Amsterdam Airs de plus de 12 ans qui font du vélo au quotidien. Le vélo représente en kilomètres parcourus 30% des déplacements vers et depuis Amsterdam en 2008 (= la voiture 34%) contre « seulement » 22% en 1990 ( la voiture représentait 38%).
Pour plus d’informations voir le site www.amsterdam.nl/meerjarenplanfiets (en néerlandais).
Des vélos pour tout transporter
Amsterdam a aussi donné naissance à de nouveaux types de vélos afin de pouvoir tout transporter.
Le biporteur Bakfiets Original a ainsi été développé au cœur d’Amsterdam par la société Defietsfabriek et par un jeune immigré d’origine Turque pour transporter les enfants à l’école en toute sécurité.
Les triporteurs ont été aménagés avec de grosses caisses pour transporter jusqu’à 1m3 de marchandises, comme des fleurs par exemple.
Un vélo pour transporter 3 enfants dans la caisse avant
Triporteur fleuriste à Amsterdam