Article mis en ligne le 07/04/2017
Elle a été annoncée et lancée le 19 février ; la prime de 200 € accordée par l’Etat pour l’acquisition d’un vélo à assistance électrique semble séduire les Français ! Et pour preuve, ce n’est pas moins de 15 000 demandes en un mois qui ont été recensées auprès de l’ASP (Agence de services et de paiement). Un chiffre annoncé par le ministère de l’Environnement il y a quelques jours et à mettre en regard des 100 000 vélos électriques vendus en 2015.
Aussi, les chiffres de 2016 annoncés par Univélo donne la tendance ; et pourraient être synonymes de bonnes nouvelles pour les vélos électriques !
En effet, en 2016, globalement, les ventes annuelles de vélos ont dépassé le milliard d’euros de chiffre d’affaire. Une première historique en France. Mais comment l’explique-t’on ?
De manière général, d’après les calculs de l’Union Sport & Cycle, si on parle en nombre de vélos vendus, le marché du vélo est resté relativement stable ; sauf… du côté des vélos électriques !
Effectivement, pour ces derniers, on constate une forte hausse des ventes ; environ 31%, en l’espace d’un an. Un chiffre qui nous fait dire que le vélo électrique est véritablement devenu une alternative de transport dans les grandes villes.
Les vélos à assistance électrique étant vendus en moyenne à 1018 €, ont permis au secteur de bondir de 6% et surtout de franchir la « fameuse » barre du milliard d’euros de chiffre d’affaire annuel ! Une première historique !
D’ailleurs, Jérôme Valentin, président de l’Union Sport et Cycle s’en félicite,
Les 3 millions de vélos vendus, on les avait en 2010. Mais le milliard d’euros, c’est un vrai record, obtenu grâce à la hausse du panier moyen !
En effet, ces chiffres records sont notamment obtenus grâce à une légère hausse du prix moyen d’environ un euro.
Mais qu’en sera-t’il pour 2017 ? La prime sera-t’elle suffisante pour le déploiement du vélo et plus particulièrement du vélo électrique en France ?
L'effet du bonus de 200 € sera malheureusement limité...
Un bonus qui fait ses preuves… Et, c’est sans surprise ! En effet, les subventions proposées par les mairies étaient jusqu’ici assez inégales. Là où des municipalités proposent jusqu’à 400 euros de subventions pour l’achat d’un vélo électrique, d’un biporteur ou d’un triporteur ; d’autres, n’en proposent aucune. Ce bonus de 200€ permet donc de couvrir les zones dépourvus de ce système et d’en faire profiter un maximum de personnes.
Toutefois, cette aide a des limites. Effectivement, le vélo électrique prend tout son sens dans les villes les plus touchées par la pollution ; à savoir des villes comme Paris, Nantes, Lyon, etc. Mais ces dernières avaient déjà un système de subventions mis en place pour l’achat d’un VAE. D’ailleurs les mairies sont souvent plus généreuses que l’Etat :
- Nantes – subvention à hauteur de 25% du prix TTC, dans la limite de 300 € pour un vélo électrique et par personne, à condition que l’employeur ait signé un plan de mobilité avec la communauté ; pour un biporteur ou un triporteur, électrique ou non, une subvention de 300 € est accordée, non conditionnée à la signature d’un plan mobilité.
- Paris – subvention fixée à 33% du prix d’achat TTC d’un vélo électrique, d’un triporteur, d’un biporteur dans la limite de 400 € TTC par vélo neuf acheté ;
- Marseille – subvention à hauteur de 25 % du prix TTC du vélo électrique, dans la limite de 400 € TTC par vélo neuf acheté…
Attention : les deux aides fiscales de l’état et des municipalités sont non cumulables.
Au vu de la mise en place de cette aide, certaines des villes proposant auparavant des subventions pour l’achat d’un vélo électrique, ont choisi de suspendre leurs subventions. C’est d’ailleurs le cas de la mairie de La Roche sur Yon, qui a décidé de suspendre son dispositif de subventions jusqu’au 31 janvier 2018 (date de fin de l’aide de l’Etat).
Il faut espérer que ces budgets ne seront pas supprimés mais qu’ils serviront à investir dans des infrastructures pour favoriser la pratique du vélo : parkings à vélo, réseaux cyclables, etc.
Conclusion : dans les grandes villes polluées, l’effet du bonus de 200 euros devrait être faible et l’aide mise en place par l’Etat devrait surtout profiter aux petites villes de province où le vélo électrique à encore du mal à se faire une place.
Un fondamental : le développement des infrastructures vélos
Maintenant que les vélos électriques hollandais permettent de monter les côtes et d’arriver au travail sans prendre de douche à l’arrivée, nous n’avons plus beaucoup d’excuses pour ne pas utiliser le vélo au quotidien en ville.
En ville, le vélo est en effet plus rapide, plus économique, plus sain, il permet de transporter sa tribu, etc.
Sauf que les infrastructures vélos ne sont pas (encore) développées en France. Par infrastructures, on entend notamment des pistes cyclables qui donnent la priorité aux vélos et des parkings à vélos sécurisés aux abords des gares pour les transports multi-modaux (vélo-train-vélo).
Faites le tour de la gare d’Amsterdam et le tour de la gare de Nantes pour compter les vélos stationnés et les places de parking. 100 vélos à Nantes pour 10.000 en moyenne autour de la gare d’Amsterdam…
Poussons la comparaison plus loin entre Nantes et Amsterdam.
Nantes est une des villes de France qui plébiscite le plus la pratique du vélo. Elle est reconnue pour ses investissements en matière de politique cyclable. C’est d’ailleurs pour cela, qu’elle a été sélectionnée par la Fédération des cyclistes européens (ECF) pour accueillir le congrès Vélo-city en 2015.
Pour rappel, Nantes métropole est composée de 609 197 habitants (chiffres de 2016).
En comparaison, nous avons choisi Amsterdam qui a une taille assez proche ; environ 840 486 habitants (chiffres de 2016).
En 2016, Nantes métropole envisage d’investir 50 millions d’euros pour développer l’usage du vélo avec pour objectif, d’ici 2030, de porter à 12% la part du vélo dans les déplacements, contre 3% début 2016.
Les 50 millions d’euros étant destinés à sécuriser la pratique du vélo, accroître les capacités de stationnement, mais également à acquérir 2500 vélos à assistance électrique pour de la location longue durée. 50 millions est un investissement important, mais sur 14 ans, il est de 3,5 millions par an.
Amsterdam, en 2015, a prévu un budget de 200 millions d’euros sur 10 ans, soit 20 millions par an, spécialement dédié à un plan d’investissement vélo. Et pourtant Amsterdam est une ville qui paraît déjà très bien dotée en infrastructures vélos.
Conclusion : alors que le vélo permettrait en étant pratiqué comme aux Pays-Bas, d’économiser au niveau de la France des dizaines de milliards d’Euros par an (cf article déjà publié sur notre blog à ce sujet), la France a choisi de n’investir que quelques dizaines de millions d’euros dans sa pratique.
*Sources :
https://www.francevelotourisme.com/contenus/pied-de-page/velo-city-2015-a-nantes
http://www.mobilicites.com/011-4770-Nantes-va-investir-50-M-pour-developper-l-usage-du-velo.html
http://www.weelz.fr/fr/amsterdam-etude-velo-fiets-telweek/
http://www.isabelleetlevelo.fr/