Article mis en ligne le 07/02/2015
Se faire rembourser ses frais kilométriques à vélo ? Une idée qui pourrait donner envie de prendre le vélo au quotidien, au moins pour se rendre au travail. L’idée fait son chemin en France. Encore fallait-il être sûr de l’efficacité du dispositif.
18 entreprises volontaires
L’ADEME et la coordination interministérielle pour le développement et l’usage du vélo (CIDUV) ont donc mené une expérimentation entre début juin et fin novembre 2014. Au final, 18 entreprises, essentiellement du secteur tertiaire, étaient volontaires pour proposer à leurs salariés un remboursement de 25 centimes d’€uro par kilomètre parcouru à vélo sur le trajet domicile – travail.
La synthèse de l’évaluation de cette expérimentation est disponible depuis fin janvier. Sur les 10 000 salariés présents dans ces entreprises, 4,6 % ont perçu au moins une fois une indemnité kilométrique. Cela peut paraître peu. Mais il est remarquable que 419 personnes ont déclaré à la fin des 6 mois d’expérimentation avoir une pratique régulière du vélo, contre 200 avant la mise en place de l’indemnité kilométrique. Plus du double.
Cyclistes réguliers et "nouveaux cyclistes"
Qui sont les adhérents au dispositif ?
A 60 % des hommes, et majoritairement des personnes de la tranche d’âge 35-55 ans. Mais surtout, il y a deux catégories : ceux qui « vélotafaient » avant en moyenne 18 jours par mois, et les nouveaux cyclistes qui prennent le vélo moins souvent (11 jours dans le mois) mais pour des distances plus longues, majoritairement d’anciens usagers des transports en commun.
Ils se distinguent aussi par leurs motivations… et leurs « freins » : pour les nouveaux cyclistes, c’est la météo qui les fait hésiter, pour les « anciens », c’est plus l’état de leur vélo. Les cyclistes réguliers mettent en avant l’aspect pratique, rapide et économique de leur moyen de transport favori… les nouveaux cyclistes le font parce que c’est « bon pour la santé » et facteur de détente…
Un effet levier sur la pratique
Le rapport de l’ADEME le dit noir sur blanc : l’indemnité kilométrique a permis de « remettre en selle des personnes en carence d’activité physique. » Et pour cause : quand l’habitude est prise, le vélo reprend du service à tous les moments de la vie quotidienne. Un tiers des nouveaux cyclistes ont augmenté leur pratique en dehors des déplacements domicile – travail. L’indemnité kilométrique a donc un véritable effet d’entrainement.
Besoin d’entreprises motivées
L’entreprise y gagne ainsi des salariés en meilleure santé, et donc moins souvent absents et plus « détendus », du dire des nouveaux cyclistes.
Pourtant, nombreuses sont les entreprises qui émettent des réserves sur la poursuite de l’expérimentation. La cause : lourdeur administrative et coût, puisque, avec les charges (cotisations sociales et fiscales) l’entreprise paie de 40 à 43 centimes / km. Le prix du bien être pour tous ?
Besoin d'une généralisation du dispositif !
Le frein pourrait être levé si le projet de loi relatif à la transition énergétique en cours de discussion généralise et améliore le dispositif. Un amendement créant le principe d’une indemnité kilométrique exonérée des cotisations sociales et déductible de l’impôt sur le revenu avait été adopté en octobre par l’Assemblée nationale.
Le Sénat s’apprête à examiner le projet de loi en séance publique, à partir du 10 février, mais on sait déjà que sa Commission des finances a rejeté l’indemnité kilométrique, qui ne pourra donc voir le jour que si in fine, elle est rétablie par la Commission mixte paritaire.
Les conclusions de l’ADEME ont été rendues à temps pour peser dans la décision… espérons-le !