Il n’aura pas fallu attendre très longtemps pour que notre chère bicyclette fasse sa première apparition sur le grand écran. Si vous lancez la vidéo ci-contre, vous pourrez voir au bout de quelques secondes un homme à vélo s’extraire de la foule avant de filer gracieusement hors du champ. Par la suite, il est imité par deux collègues masculins, avec un peu plus de peine pour l’un d’entre eux !
Diffusé en ouverture de la première séance publique parisienne du Cinématographe, le 28 décembre 1895 au Salon Indien du boulevard des Capucines, La sortie de l’usine Lumière à Lyon est généralement considéré par les spécialistes comme le tout premier film de l’histoire du cinéma. À l’époque, le terme n’est pas encore popularisé. On parle alors de « vue photographique animée ».
“Mes souliers, mon vélo…”
Au cours des 125 dernières années, le cinéma hexagonal a évidemment remis plus d’une fois le vélo à l’honneur. Et c’est particulièrement le cas dans ce qui est incontestablement le genre préféré des Français : la comédie. Impossible de ne pas citer pour commencer le merveilleux premier film de Jacques Tati, Jour de Fête, qui met en scène un facteur berrichon déterminé à optimiser jusqu’à l’absurde ses tournées à vélo.
Quelques années plus tard, dans Les cracks d’Alex Joffé, c’est Bourvil qui entend bien révolutionner la pratique de la bicyclette sur la course Paris-San Remo de 1901. À quelques kilomètres de la Città dei Fiori, mais quelques décennies plus tard, Darry Cowl accomplit à son tour quelques exploits aux commandes de son triporteur dans le film du même nom signé Jacques Pinoteau. Fidèle à lui-même, Pierre Richard aura un peu moins de chance avec son vélo aux pneus récalcitrants dans Le grand blond avec une chaussure noire en 1972.
Jour de fête (1949)
Le triporteur (1957)
Qui dit comédie française dit forcément Louis de Funès ! Au milieu de la déferlante de scènes cultes qui jalonnent la longue carrière de notre Fufu national, il y a bien sûr cet échange avec Bourvil (encore lui) dans La grande vadrouille où le colérique chef d’orchestre Stanislas Lefort tente de profiter sans vergogne de la gentillesse du brave peintre en bâtiment Augustin Bouvet, avec lequel il doit traverser la France occupée. Ce qui donnera lieu un peu plus tard à la fameuse réplique reprise en titre de ce paragraphe. Avec ses 17 millions de spectateurs en salles, le film de Gérard Oury est resté en tête du box-office français pendant plus de 40 ans, jusqu’à ce qu’il soit détrôné en 2008 par un certain Bienvenue chez les ch’tis qui – ô surprise – contient lui aussi une mémorable scène à vélo !
Ces dernières années, le vélo aura été au centre de quelques comédies français au succès plus modestes. Citons Alceste à bicyclette de Philippe le Guay en 2013 où Fabrice Luchini et Lambert Wilson sillonnent l’île de Ré en long en large et en travers, Raoul Taburin de Pierre Godeau en 2019, adapté d’une bande-dessinée de Sempé, et, dans un genre un peu moins grand public, l’étrange Near Death Experience des ex-grolandais Benoît Delépine et Gustave Kervern avec Michel Houellebecq en cycliste du dimanche suicidaire.
Prolétaires à vélo de tous les les pays, unissez-vous !
Quand on sort de nos frontières cinématographiques, on constate que le vélo est plus volontiers associé au drame à forte résonance sociale. Le ton est donné en 1948 avec le célèbre Voleur de bicyclette de Vittori De Sica, qui donne également le coup d’envoi du néoréalisme italien. En 2001, dans Beijing Bicycle, le cinéaste chinois Wang Xiaoshuai remakera plus ou moins cette histoire d’humble colleur d’affiches qui cherche désespérément dans les rues de Rome son vélo (et indispensable gagne-pain) subtilisé.
L’exploitation des masses laborieuses synthétisée par l’image du vélo est également au programme du film iranien Le cycliste de Mohsen Makhmalbaf sorti en 1987, ainsi que du Gamin à vélo des frères Dardenne, Grand Prix au festival de Cannes en 2011. Deux oeuvres que l’on ne vous conseillera pas forcément si vous souhaitez passer une petite soirée sympa devant la télé…
Pour retrouver un peu de joie de vivre et se convaincre que le vélo peut aussi être un beau symbole d’émancipation, on préférera se tourner vers Wadjda (2012), le tout premier long-métrage tourné en Arabie Saoudite. La réalisatrice Haifaa al-Mansour y met en scène une fillette de 12 ans qui désire plus que tout s’acheter une superbe bicyclette verte alors que l’usage du vélo est strictement réservé aux hommes dans le royaume wahhabite. Wadjda finira par obtenir gain de cause, de même que toutes les femmes saoudiennes dans l’année qui a suivi la sorti du film.
Tout aussi inspirant, Il Postino de Michael Radford (1994) s’intéresse à un pêcheur quasi illettré d’une petite île italienne dans les année 50 reconverti en facteur à bicyclette. Son seul et unique client n’est autre que le poète chilien en exil Pablo Neruda. Une belle amitié ne va pas tarder à naître entre ces deux hommes qu’à priori tout sépare.
Enfin, les amateurs de japanimation pourront également se (re)plonger avec délice dans le catalogue du studio Ghibli fondé par les géniaux Hayao Myazaki et Isao Takahata, où les vélos sont légions, avec le plus souvent des enfants derrière le guidon.
Mon voisin Totoro (1988)
Si tu tends l’oreille (1995)
Kiki la petite sorcière (1989)
La colline aux coquelicots (2011)
Du côté de Hollywood
Le cinéma américain étant l’un des plus diversifiés de la planète, le vélo aura investi tous les genres possibles et imaginables, pour peu qu’on ne remonte pas trop dans le temps… Le western Butch Cassidy et le Kid, par exemple, se déroule principalement en 1908, soit quelques décennies après l’apparition de la bicyclette. L’occasion pour George Roy Hill de nous livrer une jolie scène bucolique où Paul Newman multiplie les figures pour épater la belle Katharine Ross au son du tube Raindrops Keep Fallin’ de Burt Bacharach et B.J. Thomas.
Niveau cascades, on sera également bien servi dans le plus récent Premium Rush de David Koepp, où le coursier à vélo Joseph Gordon-Levitt risque sa vie à chaque coin de rue de Manhattan, et les comédies de Judd Appatow 40 ans toujours puceau et 40 ans mode d’emploi, bien meilleures que leurs titres français ne le laissent suggérer.
D’autres auteurs de comédies américaines ont été inspirés par le deux-roues, qu’il soit au coeur du récit, comme dans Pee-Wee Big Adventure, le premier film de Tim Burton, ou simple prétexte à un hilarant gag visuel, comme le Top secret ! des ZAZ. Mais celui qui aura associé avec le plus d’évidence les mots “vélo” et “cinéma” dans l’inconscient collectif reste incontestablement Steven Spielberg. L’image du jeune Elliott passant devant la lune avec son engin volant est tellement marquante que le réalisateur en fera l’emblème de sa société de production, Amblin Entertainment. Celle-ci donnera naissance par la suite à une série de films de divertissement parmi les plus les plus cultes des années 80, où le vélo trouve toujours une petite place : Les Goonies, Retour vers le futur, L’aventure intérieure… Même le chef des Gremlins grimpe sur un tricycle miniature dans un plan qui a dû être particulièrement compliqué à tourner !
Dans le sillage du succès monstre de E.T., des hordes de préadolescents à vélo-cross vont déferler sur les écrans du monde entier, des États-Unis (Explorers) à l’Australie (Le gang des BMX avec la toute jeune Nicole Kidman). Une mode récemment remise au goût du jour par la série Netflix Stranger Things et le diptyque horrifique Ça, qui carburent entièrement à la nostalgie pour les glorieuses eighties.
Les flims sur le cyclimse
Quand on vend en ligne principalement des cycles urbains, électriques et familiaux, on a tendance à parfois oublier que le vélo est aussi une discipline sportive ! Heureusement, le 7e Art est là pour nous rafraîchir régulièrement la mémoire, du Prix de l’exploit (1985), avec un Kevin Costner débutant et moustachu, à The Flying Scotsman (2006), en passant par Le vélo de Ghislain Lambert (2001).
Né peu de temps après les débuts du cinéma, notre bon vieux Tour de France, a eu droit aux honneurs de quelques longs-métrages hexagonaux, dont le plus mémorable reste très probablement Les triplettes de Belleville de Sylvain Chomet. Mais, pour le coup, on vous conseillera plutôt de jeter un oeil à une petite curiosité peu connue par chez nous : le faux documentaire Tour de pharmacy, diffusé en 2017 sur HBO Sports, qui se moque joyeusement d’une certaine tendance chez les coureurs à l’usage de produits illicites.
Et le vélo hollandais dans tout ça ? Logiquement, avec le succès grandissant qu’il rencontre, sa présence à l’écran devrait bientôt déborder largement des frontières du cinéma néerlandais. C’est déjà un peu le cas, puisque dans le récent A cure for Life de Gore Verbinski, un film américain tourné en Allemagne mais dont l’action est sensée se dérouler en Suisse, on peut largement admirer le temps de quelques scènes un superbe cycle hollandais … qui ressemble furieusement à notre modèle Oma Premium !